[INTERVIEW] ESTIMEO – Interview de Gilles Monat

Présentez en quelques mots Estimeo

Estimeo est une Société  qui développe et commercialise une plateforme de notation de  start-ups. Cette offre de notation permet aux acteurs de cet écosystème tels que des prestataires de services, les incubateurs ou investisseurs de venir chercher des appréciations sur des start-ups dans lesquelles ils veulent investir ou avec lesquelles ils souhaitent collaborer.

Nous nous positionnons comme un tiers de confiance qui apporte à travers sa notation un élément objectif d’appréciation et de mesure.

Quelle est l’essence du modèle Estimeo ?

L’intérêt du modèle de notation de notre plateforme réside dans le renouvellement de l’analyse du risque pour de jeunes sociétés en croissance en proposant un  système de notation  algorithmique neutre, principalement extra-financier et non biaisé permettant de gagner  la confiance d’investisseurs ou de tiers.

Les modèles d’analyse traditionnels de credit scoring ou d’analyse equity ne conviennent pas aux start-ups et peuvent même amener les acteurs exposés à la problématique start-up à de mauvais choix.

La notion de start-up en quelques chiffres et quelques mots

Il n’existe pas de définition universelle de la start-up mais nous pouvons estimer qu’il existe en France une dizaine de milliers de start-ups en stock, et environ 1500 à 2000 qui se créent chaque année.

Pour Estimeo, il s’agit de sociétés jeunes, à fort potentiel de développement, qui apportent de l’innovation, un mode de financement spécifique par levée de fonds en capital-risque ainsi qu’une  composante digitale prépondérante dans l’offre.

Aujourd’hui, 90% des start-ups ne survivent pas dans les deux années suivant leur création d’après le site 1001 Startups. Et 74% des start-ups ont un excédent brut d’exploitation (EBE) négatif donc  perdent de l’argent.

Donc évaluer une start-up sur la base d’éléments financiers (compte de résultat, bilan ou tableau de trésorerie), n’est pas adapté et cela revient à ne pas leur donner beaucoup de chance de se développer.

Quelle réponse Estimeo apporte aux start-ups ?

Utiliser comme base d’évaluation de la solidité des projets les éléments financiers ne permettrait pas d’investir ni de travailler avec les start-ups, l’élément quantitatif n’étant pas le plus pertinent sur ce type de profil voire inexistant.

Estimeo a mis en place une méthodologie de  notation qui permet de ne pas surpondérer le financier. L’analyse automatique donc non biaisée est réalisée à partir d’un algorithme développé en interne qui s’appuie sur des études académiques d’une part et données spécifiques adaptées au monde start-ups et collectées auprès d’elles. Il prend en compte des éléments qualitatifs et quantitatifs autour de 6 dimensions : l’humain, l’offre, le marché sur laquelle la société opère, la technologie et/ou l’innovation, la stratégie et le financier.

A travers cette méthodologie, l’idée est de synthétiser ces 6 piliers à travers une note sur 100 qui reflète la capacité de développement, la capacité de réussite et surtout la capacité de la start-up à lever des fonds. A cette note est associé un indice de confiance qui reflète la fiabilité de la note en fonction du nombre de questions répondues et de la sincérité des réponses qui peuvent être vérifiées.

On le voit bien, le financier n’est pas l’élément central. Est pris en compte avant tout : l’innovation, l’équipe dirigeante, le marché sur lequel elle opère et sa capacité à exécuter un business plan. Estimeo considère ainsi que l’analyse de risque traditionnel dans la finance n’est pas adaptée aux start-ups,  qui ont besoin de plusieurs années pour se développer de par leur modèle basé sur l’innovation. A contrario, il faut mettre en avant, et  au cœur de l’appréciation l’immatériel par rapport au financier, car  l’immatériel c’est ce que les start-ups développent le plus, c’est leur valeur.

Les start-ups ont trois besoins importants :

  • Trouver des capitaux pour se financer
  • Trouver des clients
  • Trouver des fournisseurs qui leur font confiance.

Les deux derniers points ne sont pas évidents car ces sociétés  sont petites, en phase de croissance, elles ont besoin d’inspirer confiance même si elles apportent à travers l’innovation quelque chose dont les grandes sociétés ont besoin. Le problème est qu’elles n’ont pas un degré de confiance élevé car elles sont fragiles. Donc ce qui est important pour les start-ups, c’est que les fournisseurs acceptent de prendre un risque sur elles, que les clients acceptent de travailler avec elles en ayant confiance sur la pérennité de l’offre. Enfin, les investisseurs veulent avant de faire leurs propres évaluations être en mesure de séparer rapidement et à moindre coût les startups présentant un potentiel de réussite élevé des autres.

La notation algorithmique et indépendante permet donc aux startups de disposer d’un indicateur extérieur objectif et neutre qu’elles peuvent produire pour gagner la confiance de ces partenaires essentiels.

Comment fonctionne cet algorithme ?

Il prend en compte les facteurs clefs de réussite ou non d‘une société, le travail de recherches autour des différents retours d’expériences, ceci sur les 6 piliers déjà mentionnés. Les différentes données collectées auprès des startups à travers un formulaire que va remplir le dirigeant sont intégrées par l’algorithme qui va pondérer ces 6 piliers et calculer cette note sur 100.

L’algorithme est le même à un instant donné pour toutes les sociétés quel que soit leur âge et leur secteur. Mais l’intelligence de l’algorithme sera par exemple de ne pas pondérer à l’identique le facteur humain pour une société de 1 an ou de 4 ans. Au delà l’algorithme a pour vocation d’évoluer en fonction de la réalité des parcours des startups et des analyses faites sur les données collectées.

Pourquoi soutenez-vous Bordeaux FinTech ? Pourquoi participez-vous ?

Nous avons voulu participer à Bordeaux FinTech 2018 car nous pensons tout d’abord que les 1500-2000  start-ups qui se créent chaque année, ne sont pas qu’à Paris et je pense que c’est important que les implantations en région soient mises à l’honneur, ne pas faire que la part belle à Paris. L’écosystème start-up est implanté sur tout le territoire. La région a donc son importance. Par ailleurs, nous même, nous nous considérons comme une FinTech.

Enfin, Bordeaux FinTech est un évènement riche sur le fond, et agréable sur la forme, nous nous reconnaissons dans cet évènement.

Donnez-nous 3 mots pour décrire la FinTech 2018 ?

  • Simplification des usages et de l’accès aux services financiers
  • Créativité/innovation dans les modèles, les produits, les distributions,
  • Maturité, puisque le secteur des FinTech est en développement depuis quelques années, mais entre dans une certaine forme de réalisme dans l’adéquation des offres aux nouveaux besoins ou l’intégration du volet règlementaire.

 Pour conclure, pouvez-vous nous donner une citation pour définir la FinTech ?

« L’avenir n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons en faire » Henri Bergson

Je pense effectivement que la vocation de la FinTech c’est de redéfinir les usages de demain, les faire évoluer  en proposant une nouvelle façon plus simple et plus ludique de consommer des services financiers, en créant un nouveau mode de consommation pour tous de services déjà existants pour la plupart.

  • Gilles Monat

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